Ou sinon, je m'en tiendrai à la vente en ligne.

Lecteur, Groupie,

Il s'est passé un truc incroyable dans mon bled-villesque y a un mois et demi. Une grande parfumerie a ouvert!
Alors en tant que beauty addict, tu imagines bien que je suis allée voir!

Déjà... Grande... c'est pas le mot que j'aurais employé. Certes, elle est trois fois plus grande que la parfumerie du centre ville qui existait auparavant. Même chaîne, même patron... bon.

Mais comment dire? Non, c'est pas grand. Un tiers de Sephora habituel. Et quand tu rentres là-dedans, tu te dis que c'est probablement pas là que tu vas trouver ton bonheur, ni celui de la personne que tu dois swapper dans pas longtemps.

Tu essaies quand même. Tu fais le tour. Tu bouches tes délicates narines, puisque l'endroit en question semble avoir été vaporisé avec les parfums homme les plus forts de la planète, et que ton odorat a du mal à supporter ça.

On te propose gentiment de l'aide, tu dis que pour l'instant, tu regardes, on te laisse presque tranquille... si ce n'est les regards des 5 ou 6 vendeuses qui te suivent et doivent avoir peur que tu piques des trucs. Sachant qu'il y a deux clientes (dont moi) dans le magasin à ce moment-là.
Et que les rayonnages sont quasiment vides.
En fait, y avait beaucoup plus de choses dans la petite parfumerie.

Finalement, après avoir fait ton petit tour, tu oses essayer d'interrompre deux employées en grande conversation.

"Hum, bonjour, je cherche une huile démaquillante s'il vous plaît!"

"Une huile quoi???"

Ah. Ok. Ça commence bien entre nous.
Tu notes, Lecteur, je suis une garce maline. J'avais déjà fait le tour de la parfumerie, et je n'avais vu qu'une huile démaquillante Dior, là, tout là-haut perchée au milieu de ses copains laits démaquillants et autres toniques.

Allez, je suis quand même sympa, je vais l'aider un peu.

"Une huile démaquillante... J'ai vu que vous en aviez une chez Dior, mais est-ce que vous avez dans d'autres marques?"

Une expression assez étrange passe dans son regard. Un truc mêlé d'incompréhension, de doute, d'étonnement, et de "mais qu'est-ce qu'elle me raconte celle-là?"

Trotti, trottant, elle me conduit à son rayon Dior. Et constate qu'effectivement, elle est bien là. Une huile, figure-toi.
Pour se démaquiller. Mince alors.

Ça a quand même l'air de la perturber un tant soit peu. Ceci dit elle s'exécute, et cherche avec moi parmi les autres marques si y a pas un truc qui ressemble à mon machin bizarre.

Je la vois se poser un moment sur l'Huile Orchidée Bleue Clarins, et froncer les sourcils.
Oh, shit.
Non, pitié, me fais pas ça.

Ouf, elle se relève, et j'ai l'impression d'avoir un bulot à EEG plat devant moi. Je vois que ça essaie de mouliner tant bien que mal à l'intérieur hein, tu notes.

Et là...

Là...

Elle me sort LE truc.

"Mais pourquoi cherchez-vous une huile? Vous savez, vu votre type de peau..."


Genre.

Genre, je vais t'arrêter tout de suite.

Toi, la wonderwoman de la parfumerie, t'as pu, en 2 secondes 12 où tu m'as regardée, déterminer mon type de peau.

Sur mon visage BB-creamé, fond-de-teint-minéralisé, poudre-libré, t'as pu, juste en me regardant, déterminer toutes les caractéristiques techniques intimes de mon visage.


Ok, je m'incline. T'es trop forte.


"...vu votre type de peau, le duo lait+tonique semble ce qu'il y a de plus adapté."

Et là, toi, millefeuilliste convaincue, tu hésites. Tu prends un quart de seconde pour te demander si oui ou non, tu lui expliques le concept qui a révolutionné ta routine visage. Le truc magique qui en quelques mois à peine, a changé radicalement ta face. Et ton type de peau, justement.

Tu décides de faire la version courte.

"Non, le lait et la lotion laissent toujours des résidus et un film gras sur la peau, je veux une huile, c'est ce qu'il y a de plus efficace."

Et pan. Dans son regard, là encore, je vois que ça s'active à l'intérieur. Que l'association "film gras / huile" se fait lentement mais sûrement.
Que dedans, ça dit "ben tu veux pas de film gras et t'utilises une huile? t'es trop conne gourdasse pauv'cliente!!"

Elle te pond juste un énième regard dubitatif.

Tu te contentes de sourire, et d'en finir avec un "Merci pour votre aide, à bientôt."

Et tu t'en vas.

Et tu te promets que tu remettras plus les pieds là.

Et tu te maudis d'habiter à 70 bornes du Sephora le plus proche.

Et tu te dis qu'heureusement, internet et la vente en ligne existent.




Et sinon, un jour, je te raconterai comment, lorsque j'ai demandé une BB Cream, on m'a conduit au rayon "crèmes pour érythèmes fessiers du nourrisson".